DGR-13-04 : Document de gestion des risques phytosanitaires consolidé pour les plantes phytoravageurs règlementées au Canada
Annexe 9A : Résumé de l'évaluation du risque phytosanitaire pour Nassella trichotoma (stipe à feuilles dentées)
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- Identité de l'organisme
- Statut de l'organisme
- Statut réglementaire actuel
- Probabilité d'introduction
- Probabilité d'établissement
- Probabilité de propagation
- Conséquences économiques potentielles
- Conséquences environnementales et sociales potentielles
- Incertitude
- Conclusion
- Considérations d'ordre technique
Identité de l'organisme
Nom : Nassella trichotoma (famille des Graminées, sous-famille des Pooidées, tribu des Stipes) (USDA-ARS 2009).
Synonyme(s) : Stipa trichotoma Nees (1829), Urachne trichotoma (1834), Agrostis trichotoma (1841), Urachne macrathera (1853), Piptochaetium trichotomum (1879), Piptatherum macrantherum (1894), Stipa macrathera Speg. (1901), nom. illeg., non Stipa macrathera (1896), Oryzopsis trichotoma (1910).
Noms communs français : Stipe à feuilles dentées
Noms communs anglais : Serrated tussock, serrated tussock grass, nassella tussock, Yass tussock, Yass River tussock, tumbleweed.
Description : Nassella trichotoma est une grande graminée vivace à touffes (au moins 60 cm), de la tribu des Stipes (famille des Graminées), native de la Pampa en Amérique du Sud et introduite dans des régions au climat sec tiède tempéré dans d'autres régions du monde, principalement dans l'hémisphère sud. En Australie et en Nouvelle-Zélande, il s'agit d'une plante adventice sérieusement envahissante dans les pâturages et elle est considérée comme l'un des problèmes les plus sérieux en matière de mauvaises herbes dans les pays en question. Dans les pâturages, elle réduit la capacité biotique en raison de sa faible valeur nutritive et de sa médiocre sapidité pour le bétail.
Statut de l'organisme
Nassella trichotoma n'est pas signalée au Canada et on n'a trouvé aucune preuve qu'elle est cultivée ici (ACIA 2008; Scoggan 1979). Sur la foi de ce renseignement, elle est considérée comme absente de la zone de l'ARP.
Nassella trichotoma n'est pas encore établie en Amérique du Nord :
- Kartesz(1999) ne répertorie pas cette espèce pour l'Amérique du Nord, y compris Hawaii et Puerto Rico.
- Le « Manual of Grasses for North America » (Barkworth, 2006) et la carte de la base de données sur les végétaux (USDA-NRCS, 2006) enregistrent Nassella trichotoma dans l'Illinois, le Kentucky, le Missouri, la Caroline du Nord et la Caroline du Sud, mais semblent être basés sur l'ouvrage de Westbrooks et Cross (1993), qui est un rapport sur les semences de fétuque contaminées par Nassella et distribuées en 1988 dans les États mentionnés. Aucun rapport n'a indiqué qu'une plante de cette espèce s'est établie par suite de cette distribution.
- Le CABI Crop Protection Compendium(CABI, 2005) énumère des populations établies en Arizona, à Hawaii et en Floride. Toutefois, pour ce renseignement, ils font référence à la base de données sur les végétaux (USDA-NRCS, 2004) qui ne comporte pas actuellement les États qu'on vient de mentionner dans sa carte de distribution (USDA-ARS, 2006).
- Nassella trichotoma n'est pas répertoriée à Hawaii par Rotar (1968).
- Aucune référence à des documents étayés par des spécimens pour l'Amérique du Nord ne peut être constatée dans la littérature.
Statut réglementaire actuel
Canada : Elle est répertoriée comme « graine de mauvaise herbe nuisible interdite » de classe 1, en vertu de l'Arrêté sur les graines des mauvaises herbes (Loi sur les semences). Toutes les semences importées et intérieures doivent être exemptes de graines de mauvaises herbes nuisibles interdites.
États-Unis : Elle est répertoriée dans la Liste des mauvaises herbes de ressort fédéral USDA-APHIS Note de bas de page 1 en vertu de la Noxious Weed Regulation (Federal Noxious Weed Act). Nul ne peut introduire une mauvaise herbe de ressort fédéral aux États-Unis ou par l'intermédiaire des États-Unis, ni en déplacer d'un État à un autre, à moins que cette personne n'obtienne un permis pour un tel déplacement ou une telle introduction (Noxious Weed Regulation.)
Organisation européenne pour la protection des plantes (OEPP) : Nassella trichotoma n'est pas réglementée en Europe. Toutefois, elle a été ajoutée à la liste d'alerte de l'OEPP parce qu'elle présente un risque pour la région de l'OEPP. L'objectif de la liste d'alerte de l'OEPP est de fournir un avertissement précoce et éventuellement de proposer des plantes candidates susceptibles d'être assujetties à une analyse du risque phytosanitaire (OEPP 2009).
Probabilité d'introduction
La principale voie par laquelle Nassella trichotoma pourrait probablement être introduite au Canada réside dans les lots de semences des graminées fourragères destinées à la plantation. Toutefois, l'espèce ne semble pas être une mauvaise herbe courante dans les champs de production de semences, ni dans son parcours naturel, ni où elle est introduite et on ne l'a que rarement interceptée dans les lots importés. Nassella trichotoma a été répertoriée en tant que graine de mauvaise herbe interdite dans l'Arrêté sur les graines des mauvaises herbes du Canada; cette inscription devrait réduire grandement la probabilité de son introduction au Canada comme contaminant des semences. Une deuxième voie d'introduction consiste dans la vente de végétaux et de semences destinés à la plantation dans les jardins privés. Voir le tableau 1, Résumé des voies d'entrées pour Nassella trichotoma (stipe à feuilles dentées).
Type de voie d'entrée | Voies d'entrée spécifiques |
---|---|
Dispersion naturelle | Semence : le vent distribue les semences sur de longues distances. |
Introduction intentionnelle |
|
Introduction non intentionnelle |
|
Probabilité d'établissement
Le parcours naturel potentiel de Nassella trichotoma au Canada serait très limité. Son parcours naturel en Amérique du Sud et en Australie permet de supposer qu'elle serait confinée à la zone canadienne de rusticité des plantes numéro 8, et s'étendrait peut-être jusqu'à la zone 7. Même si la zone 7 est incluse, le parcours naturel potentiel serait limité aux côtes de la Colombie-Britannique où il existe une quantité limitée d'habitats convenables (Figure 1).
La modélisation climatique, fondée sur le parcours actuel de Nassella trichotoma dans le monde, limite la distribution potentielle encore davantage jusqu'à l'extrême sud-ouest de la Colombie-Britannique.
Probabilité de propagation
La possibilité de dissémination naturelle est élevée. Nassella trichotoma se dissémine par les semences, qui peuvent être produites en grande quantité. Les grandes panicules se brisent et éclatent au vent, comme l'herbe-à-cochon, distribuant des semences sur de longues distances dans les habitats ouverts. Dans des conditions convenables, la plante peut se disséminer fort rapidement. Les semences peuvent persister pendant de nombreuses années dans le sol. Étant donné que Nassella trichotoma ne pousse habituellement pas dans les champs cultivés, il en résulte une baisse de la probabilité que les semences soient déplacées pour aboutir sur les machines.
Conséquences économiques potentielles
Les répercussions économiques potentielles ne sont pas importantes. La principale incidence économique de Nassella trichotoma est de réduire la capacité biotique du parcours naturel et des pâturages. Étant donné que la plupart des zones herbagères au Canada se situent en dehors du parcours naturel potentiel, cette incidence serait limitée. Dans les régions sérieusement infestées en Australie, le sol peut devenir inutilisable pour le pâturage, ce qui réduit grandement la valeur des terres, mais ce degré d'incidence est peu susceptible de se réaliser au Canada.
Conséquences environnementales et sociales potentielles
L'impact environnemental potentiel est élevé. Nassella trichotoma a fait la preuve de sa capacité à rivaliser fructueusement contre les graminées introduites et indigènes sur les terres pâturées où elle a été introduite en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Afrique du Sud. Elle a le potentiel pour s'établir dans les pâturages indigènes et les terrains légèrement boisés, y compris les prés de chênes de Garry dans le sud-ouest de la Colombie-Britannique. Bien que cette région soit très limitée (voir Figure 2), les prés en question constituent un écosystème grandement menacé d'extinction au Canada, écosystème qui fournit un habitat à quelque 54 espèces de plantes vasculaires et à trois taxons de papillons répertoriés comme menacés ou en voie de disparition au Canada.
Il n'existe pas de rapport de toxicité pour le bétail ou l'humain, mais des animaux domestiques sont morts d'avoir trop mangé de Nassella trichotoma en raison du fait que le matériel végétal de la plante forme de grandes balles dans l'estomac. Les infestations massives des terres protégées avec Nassella trichotoma diminuent la diversité biologique et la valeur esthétique des terres en question.
Incertitude
Cette évaluation est fondée sur la compréhension que l'on a actuellement du parcours naturel et des tolérances climatiques de l'espèce. On n'a pas enregistré que la plante s'établit au-delà de l'équivalent d'une zone canadienne de rusticité des plantes numéro 8. Toute preuve montrant qu'elle pourrait survivre dans une zone 6 ou supérieure modifierait cette évaluation de façon spectaculaire. Le potentiel d'établissement et les répercussions économiques, en particulier, devraient alors être réévalués. Si on déterminait que l'espèce ne constitue pas une menace pour les espèces en voie de disparition des prés de chênes de Garry dans l'île de Vancouver, l'impact environnemental pourrait être révisé à la baisse.
Conclusion
Le risque global associé à Nassella trichotoma est modéré. Cette modération indique néanmoins qu'il faut prendre des mesures phytosanitaires précises. En 2005, l'espèce a été répertoriée comme graine de mauvaise herbe interdite. Ce fait devrait grandement réduire la probabilité que Nassella trichotoma soit introduite au Canada. L'importation et la vente de végétaux au public devrait aussi être réglementées. La combinaison des deux mesures qu'on vient de mentionner fournirait une protection phytosanitaire adéquate au Canada contre cette espèce. On recommande que la Nassella trichtoma soit considéré aux fins d'une inclusion à la Liste des parasites règlementés par le Canada.
Considérations d'ordre technique
Aucune
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