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Tirez-vous une bûche : l'industrie canadienne de sapins de Noël est en plein essor

« Il y a plusieurs variétés de sapin sur le marché. Il y en a qui ont des couleurs plus bleutées, d'autres qui ont des caractéristiques plus trapus et d'autres qui préservent mieux leurs aiguilles. Mais le classique qui est connu, c'est le sapin baumier. C'est celui qui sent, dans le fond, le plus le sapin. »

Marie-Anne Langevin, Agente pour la protection des végétaux dans la région de Québec à l'Agence d'inspection des aliments.

Célèbres pour leur arôme, les sapins du Canada se vendent par millions à travers le monde. Dans ce balado, on se branche à cette industrie via le prisme d'une inspectrice d'arbres Québécoise.

Tirez-vous une bûche : l'industrie canadienne de sapins de Noël est en plein essor – Transcription audio

Marie-Anne Langevin (invitée) : Mais il y a plusieurs variétés de sapin maintenant, qui sont sur le marché où il y en a qui ont des couleurs différentes, un peu plus bleutées. Et bien évidemment, le classique, c'est le sapin baumier qui est celui qui sent plus le sapin là.

Michelle Strong (co-animatrice): Au Canada, les arbres de Noël représentent une énorme industrie de 91 millions de dollars, avec plus de 2 millions d'arbres exportés chaque année.

Greg Rogers (co-animateur): Avec les provinces de l'Est en tête de la production, il y a environ 1800 fermes de sapins de Noël à travers le pays, travaillant à l'année longue pour apporter un arôme traditionnel à nos vacances.

Michelle : Aujourd'hui, nous discutons avec une inspectrice du Québec, qui nous partage des histoires sur l'industrie et nous explique le travail qui se fait dans l'arrière-plan pour garder les ventes d'arbres de Noël sans ravageurs.

Greg : Allô, c'est moi, Greg.

Michelle : Et c'est moi, Michelle, et vous écoutez Inspecter et Protéger.

Greg : Un balado où l'on aime parler de plein de choses. Mais surtout de la santé des plantes, la santé des animaux et la salubrité alimentaire.

Greg : Alors Michelle, c'est bientôt le temps des fêtes. Ton arbre est-il déjà monté et décoré?

Michelle : Oui, c'était assez facile. C'est un arbre artificiel, puis je l'ai installé après le jour du Souvenir. Je suis une de ces personnes-là.

Greg : J'ai deux commentaires : c'est trop tôt et aussi, tu es du côté arbre artificiel? Je ne m'attendais pas à ça. Moi, je coupe un arbre à chaque année à un terrain local avec ma famille, mais à chacun son goût...

Michelle : Je faisais ça quand j'étais tout petite avec ma famille, c'est tellement une belle tradition. Mais c'est vrai que c'est peut-être c'est mieux pour l'arôme. J'adore la senteur d'un beau sapin. Mais je trouve ça vraiment plus facile quand c'est artificiel.

Greg : Tu as raison.

Michelle : Il y a moins de nettoyage, moins de pépins et d'aiguilles de pin à ramasser.

Greg : Pour moi c'est l'arôme, oui ça prend l'arôme spéciale pour les fêtes.

Michelle : Bon, c'est le temps d'introduire notre invitée. Marie-Anne est une inspectrice d'arbres de Noël, entre autres, et elle connaît très bien l'industrie dans la région du Québec.

Marie-Anne : Bonjour mon nom est Marie-Anne Langevin. J'occupe un poste d'agent régional en protection des végétaux au bureau de Québec. Puis, en fait, je m'occupe principalement des dossiers de foresterie. Ce qui fait que je m'occupe de tout ce qui touche la certification d'arbres de Noël. Je suis en protection des végétaux depuis maintenant 15 ans.

Greg : Je peux te dire que je suis un peu jaloux, que tu as eu la chance de sortir et d'inspecter des arbres pour ton travail. Moi je suis toujours assis devant un écran ici.

Marie-Anne : En fait, le travail que je fais en ce moment comme agent de programme, je suis vraiment plus en support aux inspecteurs du support technique et le lien avec le département de législation étrangère, les producteurs, comme courroie de transmission. Un peu, mais par le passé, oui. J'ai fait beaucoup d'inspections aussi des plantations, puis le nombre de pas qu'on peut faire dans une journée, ça peut être vraiment beaucoup. On marche dans des plantations en entier, donc quand on marche toute la journée? Puis c'est beau temps, mauvais temps, donc autant que ça peut être très, très agréable par une belle journée d'automne ensoleillée autant que ça peut être très désagréable par une journée de pluie et de neige froide.

Greg : Cet hiver et les deux dernières années, j'ai été avec mon fils. Et puis, il ne faisait pas beau.

Michelle : Quelle belle tradition!

Greg : Je le coupe moi-même aussi. Donc, c'est pas facile, non?

Michelle : Greg, tu y vas autour de quel temps de l'année, avec ton fils?

Greg : C'est à peu près le deuxième semaine de décembre. Parce qu'on ne veut pas que les épinettes tombe trop.

Marie-Anne : Oui, oui, surtout, les arbres naturels vont avoir plus tendance à perdre leurs aiguilles rapidement que les cultivars qui sont cultivés par les producteurs pour garder longtemps les aiguilles. C'est les sélections qui ont été faits en fonction, entre autres, de garder longtemps les aiguilles.

Greg : Bien ils ont fait beaucoup des recherches là-dessus. Je sais qu'il y avait plusieurs compagnies qui ont investi beaucoup de recherche de développement pour les aiguilles, pour que ça puisse durer plus longtemps pour le marché ici au Canada. Mais j'imagine que ce serait pour les implications des exportations. Ça leur donnerait un avantage si les aiguilles pourraient rester là plus longtemps.

Marie-Anne : Oui, parce qu'en fait, c'est comme les premiers conteneurs qu'on voit et qu'on exporte à chaque année. Habituellement, les premiers sont vers la première semaine d'octobre. Donc premières semaines d'octobre, des conteneurs qui partent en admettant pour la Thaïlande, il faut que le sapin soit encore en état rendu au 24 décembre. Donc ça prend des cultivars qui gardent bien leurs aiguilles.

Michelle : Parlez-nous un peu des producteurs au Canada d'arbres de Noël. D'après votre expérience, s'agit généralement de petites entreprises de type artisanal ou rustiques? Où existe-t-il des entrailles industrielles géantes qui se consacrent à ce secteur?

Marie-Anne : Mais en fait, on voit de tout et on voit les entreprises de grande taille avec plusieurs hectares de superficie en culture dispersées qui sont soit en propriété ou en location. Mais c'est des entreprises qui vendent des milliers et des milliers d'arbres par année partout dans le monde. Donc, ça nécessite beaucoup d'employés, d'organisations pour répondre aux exigences qui sont super variés d'un pays à l'autre. Puis, il y a toute la logistique, entre autres de transport, qui est nécessaire. Donc, des entreprises d'assez bonne taille. Mais ce qu'on voit aussi, c'est des propriétaires d'un petit lot de terres cultivées en sapin. Souvent, une personne retraitée qui vend très, très, très localement ou très, très près au Nord-Est des États-Unis, un petit peu plus loin au Canada. Par contre, ce qu'on voit depuis quelques années, ce sont les grandes entreprises qui vont acheter les productions qui sont faites par les petites plantations pour combler la demande d'arbres de Noël, qui a tellement augmenté dans les dernières années étant donné que les petits producteurs n'ont pas nécessairement les infrastructures logistiques pour tout le transport, quand on doit allez outre-mer ou très loin. Donc, c'est ce qu'on observe beaucoup depuis quelques années.

Greg : Apparemment, nos ventes d'arbres de Noël au Canada ont connu comme un boom au cours de la pandémie des dernières années. Est-ce que c'est vrai et si oui, pourquoi?

Marie-Anne : Oui, c'est vrai, c'est absolument vrai. On observait un boom un peu à cause de la pandémie, c'est sûr. Les gens ont voyagé beaucoup moins, ont fêté Noël dans le confort de leur foyer, donc ont eu tendance à s'acheter un beau sapin naturel pour agrémenter leur salon. Par contre, il y a d'autres facteurs qui se sont ajoutés. Entre autres, cette année-là, on a vu... Il y a eu une sécheresse qui a eu lieu dans l'Ouest canadien, puis américain pendant la période de croissance des arbres de Noël. Puis ça a causé beaucoup de pertes. Donc, c'est à cause de ça qu'on a eu une augmentation de la demande de nos sapins du Québec et des Maritimes cette année. Mais en plus de ça, même avant la pandémie, on observait déjà une tendance à la hausse de la demande d'arbres de Noël, surtout de la part des Américains. C'est causé principalement par la récession de 2008. En fait, ça fait longtemps. On pourrait dire que ça fait vraiment longtemps. Mais en même temps, étant donné que c'est dans les trois à cinq années suivantes que les producteurs américains ont au moins renouvelé leurs plantations d'arbres de Noël. Et puis, étant donné que c'est un cycle de production qui est sur sept à dix ans, donc, c'est dans les dernières années qu'on a commencé dans le fond que la pénurie a commencé à se faire sentir, puis que les Américains se sont beaucoup tournés vers le Canada pour s'approvisionner en arbres de Noël. D'ailleurs, on s'attend à ce que les faits soient encore observés pour quelques années, le temps que les productions américaines soit reprennent le dessus, puis que les Américains redeviennent un peu plus autosuffisants pour leur arbre de Noël.

Michelle : Et ça prend combien de temps à pousser? Comme combien d'années ça prend, avant que l'arbre de Noël atteigne sa pleine maturité?

Marie-Anne : Mais en fait, c'est une production qui est très longue. Ça prend de 7 à 10 ans pour partir de la graine de l'arbre, pour amener l'arbre à maturité, prêt à la commercialisation. En fait, les calibres d'arbres qui sont vendus qu'on retrouve sur le marché, c'est à partir de 6 pieds environ, mais aussi 8, 10, 12 pieds. Donc, dépendamment du calibre d'arbre à vendre, ça va prendre plus ou moins d'années. Mais c'est 7 à 10 ans en moyenne.

Greg : Puis, c'est quoi le modèle économique de cette industrie? Est-ce que le travail se fait à l'année longue ou c'est de façon saisonnière?

Marie-Anne : Mais en fait, on s'en doute pas. Mais c'est vraiment un travail qui se fait à l'année longue. Il va avoir une période qui est un petit peu plus tranquille là, de janvier à mars. Mais à partir d'avril jusqu'au mois de décembre, les producteurs d'arbres de Noël vont avoir vraiment beaucoup de travail. C'est une production qui est très peu mécanisée, donc ils ont besoin de beaucoup de main d'œuvre pour faire toutes les...tout ce qui est à faire pendant la période de production. La période estivale, ça va aller de la taille, le dépistage des ravageurs, les traitements pesticides, le désherbage et même pour nous aussi du côté de l'ACIA. On a des vérifications qui débutent dès le mois de juin et pour certains pays, comme par exemple le Panama et les exportateurs pour exporter au Panama, c'est un pays qui exige qu'ils installent des pièges pour surveiller, entre autres, la spongieuse nord-américaine. Puis plein d'autres pays aussi, mais principalement pour le Panama. Ça débute très tôt.

Juste pour faire une petite parenthèse sur la spongieuse nord-américaine. On le retrouve couramment au Québec, puis dans les Maritimes. Et puis, ça attaque à peu près à toutes les essences d'arbres, mais principalement les feuillus, mais il s'attaque aussi aux conifères, puis qui n'est pas présent nécessairement dans tous les pays. C'est pour ça que le Panama, entre autres, est très exigeant de ce côté-là et demande en plus d'une inspection, demande que des pièges sont installés pour surveiller cet insecte là en particulier. Et puis aussi pendant l'été en fait. En fait, les exportateurs doivent s'y prendre vraiment d'avance s'ils veulent développer des nouveaux marchés vers des nouvelles destinations, parce qu'il faut vérifier les exigences spécifiques au pays.

Michelle : À part de retrouver des insectes en tant qu'inspectrice, quelle est la chose la plus bizarre que vous avez trouvé dans un arbre? Je suis curieuse.

Marie-Anne : C'est une excellente question. Qu'est-ce qu'on a trouvé? Bizarre, même si on trouve des insectes étranges, mais beaucoup des insectes qu'on va retrouver, c'est des araignées. Des fois, elles ont des grosseurs assez impressionnantes, là, mais on n'a pas retrouvé autre chose. On entend des certains inspecteurs qui auraient vu des animaux particuliers le soir, qui croise parfois des chevreuils, des dindons sauvages. Des choses comme ça dans les plantations d'arbres de Noël. On est quand même en campagne, donc on croise toutes sortes de bêtes, mais sinon, pas dans les arbres en particulier.

Michelle : Oui, oui, mais ça me fait penser à une histoire de Greg. Qu'est-ce que tu as trouvé dans un des arbres?

Greg : Un nid d'oiseau l'année passée.

Marie-Anne : Ah oui, ça, des nids d'oiseau, ça arrive de temps en temps aussi. Oui.

Greg : Mon épouse les collectionne.

Michelle : Donc, pour quels types de risques les sapins doivent-ils être inspectés? Comme comment s'y prendre?

Marie-Anne : En fait, c'est principalement pour la présence de ravageurs selon la destination. Il y a certains pays qui ont une liste plus ou moins longue de ravageurs qui sont à vérifier par les inspecteurs. Ce qu'on vérifie aussi beaucoup, c'est la présence de sol, donc pas juste les insectes, mais le sol. Et c'est important de s'assurer qu'il n'y a pas de sol sur les arbres qui sont exportés. En fait, tous les pays sont très sensibles à ne pas faire entrer le sol en provenance d'ailleurs. Même chose pour le Canada. Quand on importe des choses, il faut jamais qu'il y ait de sol. La raison pour laquelle c'est si sensible, c'est que le sol peut contenir des ravageurs, des ravageurs qui sont non visibles à l'œil nu, donc des œufs de la spongieuse nord-américaine, de champignons, des nématodes. Donc, c'est vraiment important que des arbres soient complètement propres. Et puis le problème avec l'automne, dans les conditions climatiques pluvieuses : des fois, une fois les arbres coupés, ils peuvent traîner dans la boue. Donc, c'est vraiment important que les arbres soient bien nettoyés.

Greg : Donc, combien de pays exportons nous des arbres à peu près? Tous les pays ont-ils les mêmes exigences?

Marie-Anne : Non, les pays n'ont pas tous les mêmes exigences. Puis, grosso modo, on exporte du Canada des arbres de Noël vers une quinzaine de pays. Ça va aller à la Thaïlande. Ça passe notamment très loin. Ça peut aller par les moyens vers les Émirats arabes unis, Porto Rico, Panama, plusieurs pays des Caraïbes. Donc, on retrouve vraiment nos arbres de Noël canadiens un peu partout à travers le monde.

Michelle : Des long voyages.

Greg : Ça c'est très loin.

Marie-Anne : Et là, le voyage se passe en fait dans un conteneur réfrigéré parce que le chemin est long. Il faut que l'arbre soit encore en bon état. Une fois rendu à destination, le client doit l'apporté dans son salon. Donc, il faut que l'arbre soit encore frais. Les aiguilles sont encore fraîches, puis pas toutes sèches en train de tomber. Donc, ce sont des contenants réfrigérés qui sont utilisés pour le transport par bateau vers les différents pays.

Michelle : En tant qu'inspecteur, inspectez-vous chaque arbre vendu ou exporté?

Marie-Anne : Non, ça serait juste impossible de voir chacun des arbres qui sont exportés. On exporte des milliers d'arbres par année. Donc, la façon dont on procède, c'est vraiment par un échantillonnage selon le nombre d'arbres qui est à inspecter. On fonctionne avec des tables statistiques pour avoir un échantillonnage qui est représentatif du lot qui est à certifier.

Greg : Comme ici, au Canada atlantique, je sais que chaque année, la Nouvelle-Écosse envoie un arbre à la Ville de Boston pour le remercier de son aide lors de l'explosion de Halifax en 1917. Alors, cette année, il s'agit d'un arbre du Cap-Breton, je crois. Mais est-ce qu'un arbre de même doit être également inspecté avant que ce soit envoyé?

Marie-Anne : Pas dans les dernières années. Je sais qu'historiquement, on avait déjà inspecté l'arbre de Noël qui qui est à Central Park, à New York. Sinon, c'est sûr qu'il y a certains pays qui, dans le fond, certains clients qui importent des calibres d'arbres particuliers comme de 20 pieds, qui sont des clients très, très spéciaux, mais pas pour une ville en particulier.

Michelle : Merci beaucoup, Marianne, de vous joindre à nous. C'était super intéressant.

Marie-Anne : Ben ça m'a fait vraiment plaisir. Merci à vous pour l'invitation.

Greg : Que vous célébrez Noël, Hanoukka, Kwanzaa, un autre jour férié ou pas de fêtes du tout cet hiver, nous vous souhaitons une excellente fin d'année 2021. C'était une autre année un peu bizarre avec la pandémie, mais je veux dire que l'un des points forts pour moi a été de co-animer ce balado avec toi Michelle.

Michelle : Ah oui, mets-en! Ce fut une année différente, mais super cool puisqu'on en a appris tellement sur la science, la santé animale et la santé des plantes. Qui aurait cru que l'Agence d'inspection des aliments toucherait à ces choses? Honnêtement, Greg, c'était super amusant de travailler avec toi puis avec l'équipe du balado derrière les coulisses. Vous écoutez Inspectez et protégez, le balado officiel de l'ACIA. Nous sommes sur Spotify, Apple podcasts, Google podcasts... et toute autre application que vous aimez !

Greg: Nous avons adoré notre expérience en tant qu'animateur de ce balado jusqu'à présent - on se rattrape en 2022! À bientôt!

[Fin de l'enregistrement]

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