Sélection de la langue

Recherche

DGR 23-03 : Révisions apportées à la catégorisation des champs de contact primaire et autres pour la galle verruqueuse de la pomme de terre (Synchytrium endobioticum)

Cette page fait partie de la consultation publique Soutenir l'élaboration d'un nouveau plan d'intervention national contre la galle verruqueuse de la pomme de terre, qui a fermée le 31 janvier 2024.

Préface

En vertu de la Convention internationale pour la protection des végétaux (CIPV), l'analyse du risque phytosanitaire (ARP) comprend trois étapes : l'initiation, l'évaluation du risque phytosanitaire et la gestion du risque phytosanitaire. Le lancement du processus d'ARP comprend l'identification des organismes nuisibles et des voies d'entrée préoccupantes ainsi que la définition de la zone d'ARP. Cette dernière fournit la base scientifique permettant de gérer le risque dans son ensemble. La gestion du risque phytosanitaire est le processus consistant à déterminer et à évaluer les mesures d'atténuation potentielles pouvant être prises pour réduire les risques posés par les organismes nuisibles identifiés à des niveaux acceptables et pour choisir des mesures adéquates.

Le présent document de gestion des risques (DGR) consigne le processus de gestion du risque phytosanitaire pour le problème cerné. Il est conforme aux principes, à la terminologie et aux lignes directrices énoncés dans les normes de la CIPV pour l'ARP.

Sur cette page

Résumé

Synchytrium endobioticum est un pathogène fongique et l'agent étiologique de la galle verruqueuse (GV) de la pomme de terre ou du chancre de la pomme de terre. La pomme de terre (Solanum tuberosum) est le seul hôte cultivé connu. Cet organisme de quarantaine est originaire de l'Amérique du Sud et sa présence a été déclarée dans les provinces de Terre-Neuve-et-Labrador (T.-N.-L.) et de l'Île-du-Prince-Édouard (Î.-P.-É.) au Canada, dans la plupart des pays européens ainsi que dans de nombreux autres pays du monde entier.

Depuis 2000, la GV à l'Î.-P.-É. est gérée au moyen de programmes de réglementation. En 2005, le Plan canadien de lutte à long terme contre la galle verruqueuse de la pomme de terre (PCLLTGVPT) a été mis en œuvre (mis à jour en 2009) pour prévoir les activités d'échantillonnage, d'analyse et de surveillance minimales requises pour les parcelles de terrain réglementées ainsi que les critères pour la réglementation des nouvelles détections. Le PCLLTGVPT repose sur un système de champs établis en fonction des risques; catégorise les champs selon les catégories A (champs indexés), B (champs adjacents), C (champs de contact primaire) et D (autres champs de contact); et impose des niveaux variés de restrictions en fonction du risque. Le PCLLTGVPT a été mis en place afin d'aider à contenir, à contrôler et à prévenir la propagation de la GV sur l'Î.-P.-É ainsi qu'en dehors de celle-ci. Les catégories de champs, telles qu'elles sont définies dans le PCLLTGVPT, font partie du lieu restreint mentionné dans l'Arrêté relatif à la galle verruqueuse de la pomme de terre (ARGV), qui limite en partie le déplacement des choses réglementées en provenance des lieux restreints à l'Î.-P.-É.

Des détections supplémentaires ont eu lieu depuis et, en date d'octobre 2023, on dénombre 37 champs positifs et plus de 17 300 ha (42 600 acres) de terres assujetties à différents niveaux de restriction en raison de leur association avec ces champs positifs. En 2020, à la suite de détections de cas de GV dans une ferme de pommes de terre de semence de l'Î.-P.-É., l'ACIA a entrepris un examen de programmes afin de mettre à jour ses stratégies d'atténuation des risques, y compris l'évaluation du risque phytosanitaire et l'évaluation des risques associés à la voie d'introduction. Cet exercice contribuera à élaborer un nouveau plan d'intervention national contre la GV. Le risque posé par les champs de catégorie C et D a fait l'objet de discussions.

En 2022, un Comité consultatif international (CCI) a recommandé de diviser les champs de catégorie C en deux catégories de champs différentes, selon la nature du contact du champ avec le champ indexé. Un groupe de travail (GT) sur le Plan canadien de lutte à long terme contre la galle verruqueuse de la pomme de terre (GT sur le PCLLTGVPT), qui a été mis sur pied par l'ACIA, a recommandé la même mesure pour les champs de catégorie D, sans toutefois préciser les critères de division des deux catégories de risque qu'il faudrait respecter.

Le présent DGR passe en revue les avantages et les inconvénients de la mesure recommandée et d'autres options de rechange. Les options suivantes ont été évaluées :

  1. Le maintien du statu quo pour les champs de catégorie C et D
  2. La subdivision des champs de la catégorie C établie en fonction de la nature de l'exposition à la galle verruqueuse de la pomme de terre
  3. La subdivision des champs de catégorie D
  4. L'élévation des champs considérés comme étant des champs de catégorie D à risque élevé à la catégorie C

L'approche actuelle proposée par l'ACIA pour répondre aux risques identifiés consiste à maintenir la classification actuelle pour les champs de catégorie C, tout en faisant passer les champs considérés comme à risque élevé de la catégorie D à la catégorie C. Tous les commentaires reçu pendant la période de commentaires seront pris en compte dans l'élaboration de la décision finale.

Objet

Le présent DGR vise à évaluer et à examiner les différentes options à envisager pour changer possiblement les critères de classifications des champs de catégorie C (champs de contact primaire) et D (autres champs de contact) dans le PCLLTGVPT, ainsi que les facteurs de risque qui peuvent mener à la propagation éventuelle de la GV. La version finale du présent DGR appuiera l'élaboration d'un nouveau plan d'intervention face à la galle verruqueuse de la pomme de terre à l'échelle nationale pour remplacer le PCLLTGVPT actuel.

Portée

Le présent DGR se rapporte au programme de gestion de l'ACIA pour la galle verruqueuse de la pomme de terre au Canada. Il décrit le contexte et la justification scientifique des catégories de champ C et D, tels qu'ils sont énoncés dans le PCLLTGVPT, afin de contribuer à contenir, à contrôler et à prévenir la propagation de la GV à l'Î.-P.-É. Il fournit également une évaluation établie en fonction des risques de ces deux catégories de champ afin d'examiner les changements possibles pour mieux gérer le risque présenté par la GV.

Définitions

Les définitions des termes utilisés dans le présent document figurent dans le Glossaire de la protection des végétaux, le Plan canadien de lutte à long terme contre la galle verruqueuse de la pomme de terre et l'Arrêté relatif à la galle verruqueuse de la pomme de terre.

En outre, aux fins du présent document de gestion des risques, les termes ci-après sont définis comme suit :

Champ
Une parcelle de terrain distincte se distinguant des parcelles avoisinantes par des limites physiques. Les limites physiques comprennent une limite forestière, un tronçon de clôture, une voie d'eau permanente, un fossé, une route ou une voie permanente, un talus, une voie d'irrigation permanente, une transition vers une zone non agricole (jachère, pelouse, marécage) et une limite de propriété immobilière.
Variétés sensibles
Les variétés de pommes de terre qui ont été examinées par l'ONPV et qui sont considérées comme étant sensibles à l'infection par des pathotypes déterminés de S. endobioticum, au moyen de critères définis par l'ONPV. Remarque : Il existe différents niveaux de vulnérabilité.

Contexte

Synchytrium endobioticum est un pathogène fongique du sol qui infecte les variétés de pommes de terre sensibles et qui cause la maladie de la galle verruqueuse de la pomme de terre. Il s'agit d'un organisme nuisible réglementé pour le Canada et l'ensemble de ses partenaires commerciaux importants. Au Canada, la présence de la GV est connue à T.-N.-L. et, en date d'octobre 2023, elle a été confirmée dans 37 champs à l'Î.-P.-É. Les spores dormantes de Synchytrium endobioticum sont persistantes dans la terre et sont capables de survivre à des conditions environnementales extrêmes dans un état dormant pendant plus de 40 ans. S. endobioticum nécessite des conditions froides et humides pendant la saison de croissance, notamment au printemps, et ne survit généralement pas dans les régions ayant de faibles précipitations annuelles. La modélisation de l'adaptation au climat laisse entendre que la plupart des régions productrices de pommes de terre du Canada offrent une bonne correspondance climatique pour ce pathogène et, par conséquent, la probabilité que de nouvelles introductions aient lieu dans d'autres régions du Canada est élevée. Il n'existe aucun traitement chimique efficace pour éliminer la GV, et qu'un nombre limité de variétés résistantes à la GV (Goldrush et Prospect) ayant une importance commerciale en Amérique du Nord.

En novembre 2021, l'ACIA a achevé une analyse du risque phytosanitaire (ARP) qui comprenait des renseignements sur la probabilité d'établissement et de propagation de la GV, y compris une liste de facteurs de risque (tableau 1) qui ont vraisemblablement joué un rôle dans la propagation de la GV à l'Î.-P.-É. L'analyse du risque phytosanitaire concluait que la probabilité de propagation de la galle verruqueuse de la pomme de terre par des moyens naturels est faible, alors que les voies les plus à risque pour la propagation de la galle verruqueuse de la pomme de terre au Canada étaient d'origine humaine, par exemple, par l'intermédiaire du déplacement de pommes de terre de semence cultivées au champ et de la terre associée à ces tubercules, le déplacement de spores dormantes de la GV entre champs dans les résidus de sol ou par l'intermédiaire de la terre adhérant à l'équipement agricole, ainsi que par l'application de matériaux issus de déchets organiques provenant des opérations d'emballage et de transformation des pommes de terre, ou du fumier (provenant du bétail alimenté à l'aide de tubercules de pommes de terre infectées) sur les terres agricoles. L'ARP apportait également les bases pour examiner l'efficacité du PCLLTGVPT et de la lutte contre la GV à l'Î.-P.-É. Le 21 novembre 2021, l'ACIA a mis en œuvre l'Arrêté relatif à la galle verruqueuse de la pomme de terre à l'Î.-P.-É., afin d'aider à contenir, à contrôler et à prévenir la propagation de l'organisme nuisible dans cette province et d'autres régions du Canada.

À l'été 2022, l'ACIA a mis sur pied un comité consultatif international (CCI) composé d'experts indépendants ayant de l'expérience ou une expertise en matière de biologie ou de réglementation de S. endobioticum, lui demandant d'évaluer et d'examiner la situation à l'Î.-P.-É. et de présenter un rapport contenant des opinions et des recommandations d'experts. Le rapport a été achevé en décembre 2022 et présentait des recommandations pour étayer une approche différente en matière de gestion de la GV à l'Î.-P.-É., ainsi que des considérations relatives à l'établissement d'un ou de plusieurs lieux exempts de l'organisme nuisible.

Pour soutenir l'examen du PCLLTGVPT, l'ACIA a mis sur pied un groupe de travail technique composé de représentants des provinces et de l'industrie de la pomme de terre, incluant les gouvernements de l'Î.-P.-É. et de l'Ontario, le Conseil canadien de la pomme de terre et l'Office des pommes de terre de l'Île-du-Prince-Édouard. Le GT sur le PCLLTGVPT a présenté un rapport final sur ses recommandations en avril 2023.

À l'origine, le PCLLTGVPT était conçu pour répondre à la situation à l'Î.-P.-É. Il détaille les processus servant à évaluer chaque catégorie de champs et à soutenir l'assouplissement éventuel des restrictions du PCLLTGVPT à l'égard des champs, incluant celles liées à la production de pommes de terre de semence. Le nouveau plan d'intervention contre la galle verruqueuse de la pomme de terre devrait conserver les classifications de champs utilisées dans le PCLLTGVPT, dont les catégories C et D.

Considérations liées à la gestion du risque

Le Plan canadien de lutte à long terme contre la galle verruqueuse de la pomme de terre (PCLLTGVPT) – le 5 mars 2009

Le PCLLTGVPT actuel correspond à une stratégie de gestion réglementaire établie en fonction des risques qui détermine quatre catégories de champs de base. Les champs identifiés comme appartenant à la catégorie A (champs indexés), à la catégorie B (champs adjacents), à la catégorie C (champs de contact primaire) et à la catégorie D (autres champs de contact) présentent un degré variable de risque phytosanitaire fondé sur plusieurs facteurs de risque (Figure 1). Le degré ou l'étendue des restrictions imposées à un champ individuel est lié au niveau de risque qui est établi en fonction de sa relation et sa proximité au champ de catégorie A connexe.

Figure 1. Description ci-dessous.
Figure 1 : Les catégorisations des champs restreints, incluant les champs indexés (catégorie A), les champs adjacents (catégorie B), les champs de contact primaire (catégorie C) et les autres champs de contact (catégorie D).
Description pour la figure 1 : Les catégorisations des champs restreints

Un champ indexé est représenté par une case rouge. Le champ en question comprend une image d'une plante dans le coin supérieur gauche. Une flèche est lancée à partir de cette plante située dans le coin supérieur gauche et suit un parcours qui mène vers un tracteur à côté d'une case orange sous le champ indexé. La case orange représente les champs de contact primaire où les pommes de terre de semence, les résidus de sol, les déchets de pommes de terre ou l'équipement ont été déplacés directement du champ indexé au cours des 10 dernières années.

À droite de la case orange se trouvent un tracteur et une flèche qui pointe vers une case jaune. La case jaune représente d'autres champs de contact où l'équipement a été déplacé après avoir été déplacé pour la première fois vers le champ de contact primaire en orange. Sur le côté gauche du champ indexé, il y a une case blanche qui représente un champ non réglementé puisqu'il est à plus de 15 mètres du champ indexé.

Au-dessus du champ indexé se trouvent deux cases en bleu qui représentent deux champs adjacents qui sont situés à moins de 15 mètres du champ indexé en rouge.

Source : Rapport – Recommandations du Comité consultatif international, décembre 2022.

Lorsque la GV est détectée dans un champ (spores dormantes ou tubercules présentant des galles), une enquête est lancée immédiatement, incluant des activités de retraçage en aval et en amont pour déterminer la source d'infection et le déplacement potentiel de la GV en provenance d'un champ de catégorie A.  Pendant ce processus, les champs font l'objet d'une évaluation des risques et sont catégorisés en conséquence. Un échantillonnage des sols est effectué dans chaque champ selon un schéma de quadrillage et les échantillons sont soumis au laboratoire de Charlottetown aux fins d'une analyse pour déceler la présence de spores dormantes de S. endobioticum.

Au fil du temps, chaque champ doit être assujetti aux étapes d'évaluation aux fins de la catégorisation tel qu'indiqué dans le PCLLTGVPT afin de déterminer si la GV est présente dans le champ. Au fur et à mesure que le champ passe à travers les étapes déterminées dans le plan, les restrictions sont assouplies et, lorsque toutes les étapes sont achevées, le champ sera exempt de restrictions en vertu du PCLLTGVPT.

Les champs de catégorie A, B et C sont considérés comme des champs à risque élevé dans le PCLLTGVPT et font actuellement l'objet d'un avis réglementaire les assujettissant à une quarantaine ainsi qu'à des restrictions de déplacement particulières. Le PCLLTGVPT ne prévoit aucune restriction particulière à l'égard des champs de catégorie D, comme ils sont considérés comme présentant un faible risque en raison de leur lien secondaire avec les champs de catégorie A.

L'arrêté fédéral des États-Unis (DA-2022-14 (PDF)) reconnaît les catégories de champs A, B, C et D actuelles établis en fonction des risques.

Le présent DGR examine les champs des catégories C et D, y compris leurs définitions établies en fonction du risque, et tient compte des recommandations tant du CCI (décembre 2022) que du GT sur le PCLLTGVPT (avril 2023). Les renseignements détaillés précis des champs de catégorie C et D sont décrits dans plusieurs sections du PCLLTGVPT, de la façon générale suivante :

Facteurs de risque et voies de propagation de la galle verruqueuse de la pomme de terre

Les spores dormantes à longue durée de vie de S. endobioticum sont la forme caractéristique de survie et de dispersion du champignon. La propagation du champignon se produit principalement par le déplacement du sol infesté de tubercules de semences infectées (Franc 2007). D'autres facteurs de risque éventuel liés à la propagation de la GV sont indiqués dans le tableau 1.

Tableau 1 : Facteurs de risque et voies de propagation communes de la galle verruqueuse de la pomme
Facteur de risque Niveau de propagation
Propagation d'origine humaine
Le déplacement de pommes de terre de semence entre champs Le potentiel de propagation à l'échelle locale et sur de longues distances
Le déplacement de végétaux destinés à la plantation avec de la terre contaminée
Le déplacement de terre contaminée sur de l'équipement entre champs
Le déplacement de terre contaminée sur de l'équipement partagé ou sur mesure entre champs
Le déplacement de résidus de sol entre champs
Le déplacement de terre contaminée par l'entremise du bétail (sur les sabots des animaux)
Le déplacement de fumier contaminé (du bétail alimenté de pommes de terre rejetées, de pelures ou de pulpe de pomme de terre)
Le déplacement de déchets de transformation – effluent d'eaux usées
Le déplacement de déchets de transformation – résidus de sol et boue
Le déplacement de déchets de transformation – matières organiques (les pommes de terre rejetées, les pelures, le digestat, la pulpe de pomme de terre)
Propagation naturelle
L'activité des vers de terre Le potentiel de propagation à l'échelle locale
Les particules de terre contaminée soufflées par le vent
L'érosion du sol imputable à l'écoulement de l'eau
Le déplacement de terre contaminée par l'entremise d'animaux sauvages (sur les sabots des animaux)
Événements historiques
L'emplacement d'un ancien site d'une installation de stockage Connu, dépendant de la relation entre l'événement historique et la production de pommes de terre
L'emplacement du site d'un ancien potager
Les propriétés historiques des terres
La location des terres et les relations commerciales (passées et présentes)
La proximité physique avec un champ infecté

L'Évaluation des risques phytosanitaires de l'ACIA (Document d'information biologique de l'ACIA, 2021Note de bas de page 1) a identifié un certain nombre de facteurs de risque qui jouent un rôle dans la propagation de la GV d'un champ indexé à d'autres lieux.

La probabilité relative à l'établissement de la GV dans un champ (c'est-à-dire qu'elle infecte un tubercule de pomme de terre et qu'elle se multiplie), après sa propagation à l'intérieur de celui-ci, dépend d'une série de facteurs différents qui ne peuvent être quantifiés, notamment le nombre de spores qui ont été apportées dans le champ, l'âge des spores lors de leur entrée dans le champ, le nombre d'emplacements où les spores ont été déposées dans le champ. Les facteurs exacts qui contribuent à l'établissement d'un organisme nuisible dans un champ après l'introduction de celui-ci sont propres à chaque champ individuel.

La sous-catégorisation des champs de catégorie C et D exige le classement des facteurs de risque en fonction de leur contribution à l'égard de l'entrée et de l'établissement de l'organisme nuisible. Cependant, aucun des facteurs de risque ne peut être quantifié.

Expérience de l'ACIA en matière de gestion de la galle verruqueuse de la pomme de terre à l'Î.-P.-É.

Depuis la première détection de la GV en 2000, les restrictions en vertu du PCLLTGVPT d'un certain nombre de champs restreints ont été levées. Cependant, certains de ces champs, principalement situés dans la région de Kensington, ont retrouvé leur ancien statut de champ restreint en raison d'associations avec de nouvelles enquêtes menées sur la GV. La majorité des détections de la GV sont survenues dans des champs commerciaux situés dans les comtés de Queens et de Prince. La détection de la maladie en 2012, 2014 et 2020 était associée à des exploitations agricoles qui produisaient des pommes de terre de semence, incluant la détection dans le comté de Kings.

Historiquement, les enquêtes sur la GV ont été déclenchées par la découverte de tubercules présentant des symptômes de GV pendant la récolte, suivie d'un échantillonnage et d'une analyse des sols dans les champs associés, ce qui pourrait ensuite donner lieu à la détection de champs positifs pour la GV supplémentaires par l'intermédiaire d'une analyse des sols. L'intervention réglementaire requise pour délimiter et contenir les enquêtes entreprises entre 2020 et 2023 (huit nouvelles détections de la maladie entre l'automne 2020 et le printemps 2023) a considérablement augmenté le nombre de champs et la taille totale des champs restreints à l'Î.-P.-É., en plus de soutenir l'examen approfondi des programmes.

Le tableau 2 indique le nombre total de champs restreints, en date d'octobre 2023, qui sont associés aux détections de GV à l'Î.-P.-É., totalisant 1,362 champs restreints ou 17,306 hectares (42,764 acres).

Tableau 2 : Nombre de champs et taille totale des lieux restreints liés à la galle verruqueuse de la pomme de terre par catégorie de champ.

Lieu restreint lié à la galle verruqueuse de la pomme de terre (juin 2023)
Type de champ Nombre de champs Hectares
Catégorie A (champs indexés) 37 791
Catégorie B (champs adjacents) 51 728
Catégorie C (champs de contact primaire) 333 3 613
Catégorie D (autres champs de contact) 941 12 174
Total 1 362 17 306

Source : Enquêtes menées par l'ACIA de 2000 à 2023

Le risque phytosanitaire associé à la galle verruqueuse de la pomme de terre est décrit dans l'Évaluation des risques phytosanitaires de l'ACIA (demande 2021-051) :

Le déplacement des pommes de terre, de la terre et d'autres choses réglementées, comme l'équipement agricole, présente un risque de propagation de la GV et ce risque signifie que le fait de limiter le déplacement de ces éléments de lieux restreintes vers d'autres lieux est une grande priorité. Les tubercules de pommes de terre de semence posent le plus grand risque de propagation du pathogène, étant donné que les spores dormantes (qui se trouvent à l'intérieur du tubercule ou dans la terre connexe) disposent d'un accès immédiat aux tissus hôtes aux fins d'invasion.

Recommandations du Comité consultatif international sur la gestion de la maladie de la galle verruqueuse de la pomme de terre à l'Île-du-Prince-Édouard (2022)

Le rapport du CCI comportait un certain nombre de recommandations, dont les suivantes :

Rapport final du Groupe de travail sur le Plan canadien de lutte à long terme contre la galle verruqueuse de la pomme de terre (GT sur le PCLLTGVPT) (avril 2023)

Le rapport du GT comportait un certain nombre de recommandations, dont les suivantes :

Options relatives à la gestion du risque

Le présent DGR porte sur les avantages et les inconvénients de la sous-catégorisation proposée des champs de catégorie C et D du point de vue de l'atténuation du risque de propagation de la GV. L'incidence de toute option possible sur les ressources qui seraient requises au niveau opérationnel a également été prise en compte, le cas échéant.

Champs de catégorie C

Analyse du programme actuel

En vertu du PCLLTGVPT actuel, tous les champs de catégorie C sont liés à un champ de catégorie A connexe, où la présence de la GV a été confirmée. Cette relation est déterminée au cours de l'enquête.

Les champs de catégorie C présentent un risque phytosanitaire connexe important lorsqu'il est prouvé que la terre (par exemple, des résidus de sol) a été transférée à partir d'un champ de catégorie A, qu'il y a eu un partage d'équipement entre les champs de catégorie A et C ou que le matériel de multiplication produit dans le champ de catégorie A a ensuite été planté dans le champ de catégorie C.

Les champs de catégorie C demeurent la catégorie de champ à risque le plus élevé. Il s'est avéré qu'ils ont été infestés de la GV à 14 reprises différentes. Sur ce nombre, sept (7) champs de catégorie C ont pu être exposés à la GV en raison d'un transfert de semences; six (6) champs de catégorie C ont pu être exposés à la GV en raison de partage d'équipement; et un champ a pu être exposé à la suite d'un transfert de semences et de partage d'équipement. En date d'octobre 2023, on recensait 333 champs de catégorie C, dont deux d'entre eux se trouvaient en Ontario et le reste était situé à l'Î.-P.-É., ce qui représente 3 613 hectares (8 928 acres).

Les champs de catégorie C sont assujettis à des restrictions qui comprennent des exigences relatives aux résidus de terre et à la plantation des pommes de terre de semence jusqu'à ce que les restrictions imposées au champ en vertu du PCLLTGVPT soient entièrement levées.

Autre option : Subdivision des champs de la catégorie C établie en fonction de la nature de l'exposition à la galle verruqueuse de la pomme de terre.

D'après les recommandations contenues dans le rapport de la CCI, deux catégories d'exigences différentes pourraient être établies pour les champs de catégorie C. Un ensemble d'exigences pour les champs exposés à la GV par l'intermédiaire de la plantation des pommes de terre de semence ou l'épandage de terre (résidus) et un deuxième ensemble d'exigences pour les champs qui ne faisaient que partager de l'équipement utilisé directement après avoir été utilisé dans un champ de catégorie A.

D'après cette désignation, les champs exposés uniquement par le partage d'équipement seraient assujettis à des restrictions moindres alors que les restrictions plus rigoureuses continueront de s'appliquer aux champs de catégorie C liés aux plantations de tubercules et à la terre.

Avantages :
Inconvénients :

Champs de catégorie D

Analyse du programme actuel

En vertu du PCLLTGVPT, les champs de catégorie D ne sont pas restreints davantage en raison de leur association distante et indirecte avec leur champ de catégorie A connexe. Ils ne sont soumis à des restrictions supplémentaires que si la GV est détectée dans des échantillons de sol prélevés dans le cadre d'enquêtes ou si un tubercule symptomatique est retrouvé pendant les activités de surveillance et si les résultats d'analyse de laboratoire démontrent qu'il s'agit de la GV. La catégorie de champ a été considérée comme à faible risque et exempte de restrictions supplémentaires, telles que l'absence de terre.

En date d'octobre 2023, on recensait 941 champs de catégorie D à l'Î.-P.-É., ce qui représente 12 174 hectares ((30 083 acres). Le respect des exigences actuelles relatives aux activités d'échantillonnage du sol dans le cadre d'enquêtes et de surveillance après la récolte sur cinq cultures de variétés sensibles dans tous les champs de catégorie D nécessite d'importantes ressources à administrer en raison du grand nombre de champs concernés.

Toutefois, dix (10) champs de catégorie A actuels à l'Î.-P.-É. qui avaient été classés comme des champs de catégorie D peuvent être liés directement ou indirectement à l'enquête originale qui a été menée en 2000. Cela a fait ressortir le fait qu'un risque accru pourrait être associé, à tout le moins, à certains champs de catégorie D en raison de facteurs qui ne sont pas pris en considération dans le régime de catégorisation des champs du PCLLTGVPT. Cette préoccupation a également été décrite dans le rapport du CCI de 2022 et est au cœur de l'examen de cette catégorie de champs.

L'utilisation antérieure des terres, la propriété des terres, la gestion des résidus de sol, l'élimination historique des déchets de pommes de terre dans les champs agricoles, le partage de l'équipement agricole et les liens avec de multiples enquêtes pourraient avoir entraîné la propagation accidentelle de la GV. Le risque potentiel de propagation de l'organisme nuisible provenant des champs de catégorie D, dans l'éventualité où ceux-ci hébergent des infestations de GV non détectées, n'est pas pris en compte de manière adéquate dans la version actuelle du PCLLTVGPT, en particulier l'absence de restrictions relatives au déplacement de terre, les exigences relatives à l'absence de terre et la production de pommes de terre de semence.

Option no 1 – Subdivision des champs de catégorie D

La subdivision des champs de catégorie D nécessiterait une réévaluation exhaustive de tous les facteurs de risque (voir le tableau 2), dont la plupart ne sont pas actuellement identifiés dans le PCLLTVGPT, mais ont été identifiés lors de l'examen du programme de 2022 par l'ACIA et dans le rapport du CCI.

Avantages :
  • L'identification des champs de catégorie D « à risque plus élevé » exigera l'élaboration de restrictions plus strictes pour tenir compte des facteurs de risque supplémentaires et atténuer le risque de propagation de la GV à d'autres lieux.
  • La subdivision des champs de catégorie D en sous-catégories « à risque élevé » et « à faible risque » donne la possibilité de concentrer davantage d'attention et de ressources sur les champs de catégorie D à risque plus élevé.
Inconvénients :
  • Une évaluation et un reclassement appropriés pourraient ne pas être possibles dans certains champs de catégorie D en raison d'un manque de données ou de registres à l'appui.
  • Un grand nombre de ces facteurs ne peuvent être quantifiés, ce qui complique la tâche de procéder à une évaluation adéquate des risques.
  • Une mauvaise classification pourrait accroître la propagation de l'organisme nuisible, si le champ comporte une infestation de GV non détectée.
  • La réévaluation initiale et la reclassification de ces champs de catégorie D exerceraient une pression importante en matière de ressources et nécessiteraient beaucoup de temps pour établir l'ordre de priorité des champs faisant l'objet de ce processus, lequel devrait être transparent et bien formulé.
Option no 2 – Élévation des champs considérés comme étant des champs de catégorie D à risque plus élevé à la catégorie C

En vertu de cette option, la classification des champs de catégorie D « à risque élevé » est considérée comme étant équivalente à la classification des champs de catégorie C. Cette option nécessite d'élargir la définition d'un champ de catégorie C de manière à y inclure les facteurs de risque, tels que l'élimination des déchets et la gestion des résidus de sol qui ne sont pas réglementés en vertu du PCLLTGVPT.

Avantages :
  • Cela permet de répondre aux préoccupations relatives à des champs de catégorie D pouvant héberger des infestations non détectées de faible niveau.
  • Cette option maintient le nombre de catégories de champs et simplifie les options relatives à la gestion des champs en consolidant les mesures d'atténuation des risques.
  • Les contrôles déterminés dans le PCLLTVGPT pour les champs de catégorie C permettraient de répondre au risque potentiel posé par les champs de catégorie D « à risque élevé ».
  • Le renforcement des contrôles sanitaires à l'égard des champs qui ont été exposés à des facteurs de risque accrus relativement à la GV renforcera la confiance des acteurs de l'industrie canadienne de la pomme de terre et des partenaires commerciaux à l'égard des mesures d'atténuation des risques qui sont en place.
Inconvénients :
  • La réévaluation initiale et la reclassification des champs dans cette catégorie exerceront une pression importante sur les ressources et des données inadéquates pourraient avoir une incidence sur l'efficacité de cette option.
  • Les ressources requises pour établir l'ordre des priorités des champs faisant l'objet de ce processus nécessiteraient une procédure qui est transparente et bien formulée.
  • Des ressources importantes seront nécessaires pour soutenir les activités liées à l'exigence de l'absence de terre dans l'éventualité où un grand nombre de champs de catégorie D passeraient à la catégorie C.

Proposition pour la gestion du risque

L'objectif du présent DGR consiste à proposer des options en vue d'établir un processus plus rigoureux pour l'évaluation du risque des champs en vue de réduire davantage le risque potentiel de propagation de la GV. Compte tenu du niveau de risque que représente chaque catégorie de champs, le bien-fondé de la question cherchant à savoir s'il convient de les sous-catégoriser davantage devrait faire l'objet d'une évaluation distincte. Des considérations supplémentaires sont présentées ci-après.

Catégorie C

L'approche actuelle proposée par l'ACIA pour répondre aux risques identifiés consiste à maintenir des critères actuels de la catégorie C, lesquels sont énoncés dans le PCLLTGVPT.

La proposition de diviser cette catégorie de champ suppose implicitement qu'il y a un risque plus faible de transmission de S. endobioticum d'un champ à un autre par le déplacement d'équipement. Toutefois, cette hypothèse n'est pas étayée par des éléments de preuve qui suggèrent que 42 % des champs de catégorie C où la galle verruqueuse de la pomme de terre a été détectée par la suite ont été exposés au champ indexé connexe par le déplacement direct d'équipement. Des études sur un autre organisme nuisible de la pomme de terre, le nématode à kyste de la pomme de terre (NKPT), menées par Goeminne et coll. (2011)Note de bas de page 2 ont démontré que l'équipement agricole jouait un rôle clé dans la répartition des kystes de NKPT à l'intérieur et entre les champs. Il est donc actuellement recommandé de maintenir le statu quo à l'égard de la classification.

Catégorie D

L'approche actuelle proposée par l'ACIA pour répondre aux risques identifiés consiste à élever des champs considérés comme étant des champs de catégorie D à risque plus élevé à la catégorie C.

Les champs de catégorie D devraient poser un risque plus faible de propagation de la GV que les champs de catégorie C et B, car ils ont un rapport indirect avec les champs indexés. Cependant, la GV a été détectée dans plusieurs champs de catégorie D à la suite de multiples rondes d'échantillonnage du sol après avoir établi des liens avec différentes détections de GV, prouvant ainsi que le risque que posent certains champs de catégorie D pourrait être plus grand qu'on ne le croyait à l'origine. L'imposition de restrictions plus strictes est justifiée afin de répondre au risque réel que posent certains champs de catégorie D. Comme il est difficile d'établir les critères qui permettraient de distinguer les champs de catégorie D présentant un risque plus faible de ceux présentant un risque plus élevé, et que les conséquences d'une mauvaise classification de certains champs de catégorie D dans la sous-catégorie « à faible risque » seraient trop grandes, l'option de subdiviser les champs de catégorie D n'est pas actuellement recommandé.

De même, le maintien du statu quo sans renforcer les restrictions ne répond pas au risque posé par certains champs de catégorie D. Dans le PCLLTGVPT, on exige seulement de procéder à des activités de supervision et de surveillance et d'inspection après la récolte des tubercules dans les champs de catégorie D lorsqu'on obtient un résultat d'analyse du sol de non-détection dans le cadre de l'enquête. La production d'une ou de deux cultures afin de détecter toute population de spores dormantes qui peut être présente dans le champ est considérée comme insuffisante pour lever toutes les restrictions connexes. En cas de faible infestation, il est peu probable qu'une seule inspection au champ après la récolte des tubercules sur une culture sensible permette de détecter l'organisme nuisible, puisqu'il se pourrait que celui-ci n'ait pas atteint des niveaux détectables.

Après avoir reçu les commentaires et la rétroaction des parties prenantes, les détails particuliers concernant la décision finale seront définis dans le prochain Plan national d'intervention face à la galle verruqueuse de la pomme de terre qui remplacera l'actuel PCLLTVGPT.

Date de modification :