Sélection de la langue

Recherche

DGR-13-04 : Document de gestion des risques phytosanitaires consolidé pour les plantes phytoravageurs règlementées au Canada
Annexe 10A : Résumé de l'évaluation du risque phytosanitaire pour Paspalum dilatatum (Herbe de Dallis)

Cette page fait partie du répertoire des documents d'orientation (RDO).

Vous cherchez des documents connexes?
Recherche de documents connexes dans le répertoire des documents d'orientation.

Identité de l'organisme

Nom : Paspalum dilatatum (famillle des Poacées, sous-famille des Panicoїdées, tribu des Panicées)

Synonyme(s) : Digitaria dilatata, Panicum platense, Paspalum eriophorum, Paspalum lanatum Spreng., Paspalum ovatum, Paspalum pedunculare, Paspalum platense, Paspalum selloi, Paspalum velutinum (Tropicos 2009)

Noms communs français : Herbe de Dallis (CAB International 2007; Hitchcock and Chase, 1950; USDA-ARS 2009)

Noms communs anglais : Dallis grass, Dallisgrass, water grass, paspalum (CAB International 2007; Hitchcock and Chase 1950; USDA-ARS2009)

Description : L'herbe de Dallis est une graminée vivace cespiteuse de type C4. Les plantes de l'espèce comportent des rhizomes, mais ils sont si courts (moins d'un centimètre) que les tiges forment des touffes. Les tiges ont de 50 à 175 cm de hauteur et sont dressées. Les limbes des feuilles peuvent atteindre une longueur de 35 cm et une largeur de 2 à 16,5 mm; ils sont également plats, principalement glabres avec quelques poils près de la base sur la surface supérieure. Les panicules sont terminales, avec de 2 à 7 branches divergentes à inflorescences en cyme. Les épillets ont de 2 à 3,4 mm de long et de 1,7 à 2,5 mm de large. Ils se présentent en paires apprimées aux axes des branches. Les glumes inférieures sont inexistantes; les glumes supérieures et les glumelles inférieures présentent de 5 à 7 veines, avec des marges pileuses. Les caryopses ont de 2 à 2,3 mm et sont d'une couleur variant du blanc au brun (Barkworth 2006).

La digitaire à feuilles larges est considérée comme une mauvaise herbe dans 14 cultures et dans 28 pays (Holm et al., 1977)

Statut de l'organisme

L'herbe de Dallis n'est pas signalée comme présente au Canada (ACIA 2008), et rien n'est venu prouver qu'elle y est cultivée (CNLA 2009). Selon ce renseignement, elle est considérée comme absente de la zone d'analyse du risque phytosanitaire.

Statut réglementaire actuel

Canada :
Paspalum dilatatum n'est pas réglementée actuellement au Canada.
États-Uni :
L'espèce n'est pas réglementée comme mauvaise herbe nuisible de ressort fédéral ou étatique.
Autres pays :
Dans 28 pays, elle est répertoriée comme mauvaise herbe importante ou principale.

Probabilité d'introduction.

Papalum dilatatum a été introduit délibérément aux États-Unis comme graminée fourragère vers le milieu du 18 em siècle (Hitchcock and Chase 1950). Il semble que ce soit principalement grâce à son introduction délibérée que Papalum dilatatum se soit disséminé sur de grandes distances tout autour du globe.

Dans certaines régions du sud des États-Unis, l'herbe de Dallis est une mauvaise herbe vivace des pelouses, des parcours de golf et d'autres sites enherbés. Son contrôle dans le gazon est très difficile (Breeden and Brosnan 2009). Cela suggère que ses semences aient été introduites en contaminant des semences à gazon, tout au moins dans cette région. C'est le plus probablement par cette voie que Papalum dilatatum pourrait être introduit au Canada, pour autant que des semences à gazon importées des États-Unis soient vendues au Canada (Tableau 1). On a rapporté que Papalum dilatatum ait été utilisé comme graminée de pelouse (Barkworth 2006).

Tableau 1 : Résumé des voies d'entrées pour Paspalum dilatatum (Herbe de Dallis)
Type de voie d'entrée Voies d'entrée spécifiques
Dispersion naturelle

Paspalum dilatatum se propage par les semences.

Il est improbable que la dispersion naturelle permettre à cette espèce d'entrer au Canada, puisque ses populations établies se situent dans les États du sud des États-Unis.

Introduction intentionnelle

L'introduction intentionnelle comme plante fourragère semble avoir été la principale voie d'introduction pour la dissémination à longue distance, partout dans le monde.

Il ne s'agit pas d'une voie probable pour l'introduction de Paspalum dilatatum au Canada, étant donné que l'espèce est cultivée intentionnellement seulement dans les climats chauds.

Introduction non intentionnelle

Les semences peuvent être transportées comme contaminants dans les lots de semences, en particulier les graminées à gazon. Toutefois, aucune semence de quelque espèce du genre Paspalum n'a été signalée dans les échantillons analysés par le Laboratoire des semences de l'ACIA au cours des neuf dernières années. Cette situation pourrait changer si on se mettait à importer davantage semences de graminées à gazon à partir des régions infestées.

Les semences pourraient être transportées comme contaminants des lots de grains. Paspalum dilatatum est une mauvaise herbe du riz, et pourrait donc être introduite au Canada comme contaminant des lots de grains de riz.

Il s'agit d'une voie d'introduction probable, mais il est improbable qu'elle permette l'entrée de semences dans les habitats propices.

Les semences pourraient être transportées comme contaminants des marchandises. Paspalum dilatatum est une mauvaise herbe des cultures de fruits tropicaux, y compris les ananas. Des ananas importés ont été signalés comme contaminés avec des graines de mauvaises herbes comme le vérâtre vert, si bien qu'il serait possible pour Paspalum dilatatum d'entrer au pays par cette voie.

Il s'agit là d'une voie d'introduction probable, quoique moins susceptible d'introduire des semences dans les habitats propices.

Figure 1 : Zone de distribution de Paspalum dilatatum en Amérique du Nord

Figure 1. Description ci-dessous.
Description de la figure 1 :

Cette image comprend une carte de l'Amérique du Nord qui montre la répartition de Paspalum dilatatum (herbe de Dallis) à l'aide de couleurs correspondant à une méthode particulière. Les points rouges représentent un échantillon UTC; les points verts correspondent aux autres herbiers; les points bleus représentent les données manuelles; le bleu foncé indique les comtés UTC; le magenta indique les autres comtés d'herbiers; le rose pâle, la couleur dominante de la carte, représente les participants; le vert pâle indique l'atlas de la flore des États; le vert foncé représente l'atlas de la flore régionale; le bleu pâle indique les déclarations fiables; le turquoise indique les autres publications sur Paspalum dilatatum; tandis que le gris représente les déclarations non vérifiées; le vert foncé représente une base de données; le jaune moutarde indique un échantillon de MEB; et le violet foncé représente une base de données des herbiers. Les nombreux points rose pâle se concentrent dans le sud-est des États, de la Virginie-Occidentale au Texas. On trouve le vert pâle et d'autres couleurs comme le jaune et le rouge, dans les États côtiers de la Caroline du Nord et la Caroline du Sud ainsi que la Virginie. On constate des points magenta, bleus, violets et turquoise le long des États de la côte Ouest, en Californie et dans des régions de l'Arizona de même qu'au Nouveau-Mexique, quoiqu'ils soient essentiellement plus dispersés par rapport à la représentation de l'Est.

Source : Barkworth 2006

Figure 2 : Zone de distribution potentielle de Paspalum dilatatum au Canada

Figure 2. Description ci-dessous.
Description de la figure 2 :

Cette image montre, à l'aide d'une carte, la répartition potentielle de Paspalum dilatatum au Canada et en Amérique du Nord. Le rouge représente les régions où Paspalum dilatatum pourrait survivre selon la carte des zones de rusticité des plantes au Canada; dans ce cas, les zones de rusticité 6 à 9 du système NAPPFAST. Au Canada, la répartition potentielle de Paspalum dilatatum est limitée à la zone côtière et au sud-ouest de la Colombie-Britannique, et possiblement au sud de l'Ontario et à certaines régions des Provinces maritimes, s'il est introduit dans ces régions. On constate que le rouge couvre principalement les États-Unis, y compris les principales régions côtières de l'Est et de l'Ouest de même que des régions situées près des Grands Lacs et qui s 'étendent vers le bas au-delà de l 'image.

Zones NAPPFAST nos 6 à 9

Probabilité d'établissement

Paspalum dilatatum est réputée indigène en Bolivie, au Brésil, au Chili, au Paraguay, en Uruguay et en Argentine (USDA-ARS 2009). La zone de distribution indigène exacte de l'espèce est obscure en raison de sa distribution pantropicale (Weber 2003). L'espèce est maintenant bien établie dans le sud des États-Unis, y compris à Hawaii, comme mauvaise herbe des terrains vagues (Barkworth, 2006). Paspalum dilatatum est aussi naturalisée dans le sud de l'Europe et en Afrique du Sud, en Asie, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Macaronésie, dans les Mascareignes, en Mélanésie et en Polynésie (USDA-ARS, 2009).

Selon sa zone de distribution actuelle aux États-Unis, Paspalum dilatatum survivra dans la zone NAPPFAST numéro 6, ce qui évoque une zone de distribution potentielle au Canada qui comprendrait le sud et les côtes de la Colombie-Britannique, l'extrême sud-ouest de l'Ontario et certaines régions côtières de Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve (voir figure 2).

Dans sa zone de distribution indigène, Paspalum dilatatum s'observe dans les sols sableux ou boueux, près du bord des mers ou dans les sols salins et les marécages. Dans sa zone de distribution non indigène, elle envahit les landes, les forêts d'arbustes, les habitats riverains et les marécages d'eau douce (Weber, 2003). Dans l'ouest de l'Australie, l'espèce est une mauvaise herbe importante dans les horizons argileux compacts perturbés ou naturels, de même que dans les marécages, dans les gazons, en bordure des routes et dans les pâturages (Hussey et al. 2007).

Il ne manquerait pas d'habitats propices dans la zone de distribution potentielle limitée au Canada.

Probabilité de propagation

Localement, les fragments des plantes de Paspalum dilatatum peuvent être transportés avec l'équipement agricole, mais les semences constituent le principal mode de propagation. L'espèce produit de grandes quantités de semences, souvent par apomixie (Holm et al. 1977). Les semences se disséminent en s'accrochant aux animaux et aux personnes (Holding et Bowcher 2007).

Conséquences économiques potentielles

Paspalum dilatatum est répertoriée comme mauvaise herbe significative ou principale en Australie, dans les Philippines, au Brésil, en Colombie, dans l'ancienne Union soviétique et à Taїwan (Holm et al. 1991). Elle peut devenir problématique lorsqu'elle envahit les fossés d'irrigation (Holm et al. 1977). Elle est particulièrement problématique comme mauvaise herbe pour les cultures de bananes, de papaye, d'ananas et de riz dans les Philippines; dans les cultures de sucre de canne et de bananes et dans les vergers et les vignobles en Australie; dans les cultures de bananes, d'ananas et de sucre de canne à Hawaii; dans les cultures de thé et d'agrumes dans l'ancienne Union soviétique; dans les cultures de riz au Brésil et en Inde et dans les cultures de pommes de terre et de légumes et dans les pâturages, en Nouvelle-Zélande. Aux États-Unis, l'espèce est une mauvaise herbe des pâturages (Holm et al. 1977) Au Tennessee, Paspalum dilatatum est maintenant problématique comme mauvaise herbe partout dans l'État, pour les gazons, les terrains de golf et les autres étendues gazonnées, où elle est très difficile à maîtriser (Breeden et Brosnan, 2009). Elle est répertoriée comme mauvaise herbe importante du gazon dans les sites Web de nombreux États du sud des États-Unis, et les chercheurs sont en quête de mesures rentables pour lutter contre cette espèce (Henry et Yelverton, 2005).

Conséquences environnementales et sociales potentielles

La croissance dense habituelle de l'espèce étouffe les autres plantes de faible taille et empêche le recrutement des autres espèces ligneuses indigènes dans l'ouest de l'Australie (Hussey et al. 2007).

Incertitude

Il est assez incertain que Paspalum dilatatum survive réellement dans la zone NAPPFAST numéro 6. L'espèce est certainement répandue dans la zone 7 aux États-Unis, mais si elle ne pouvait survivre que dans la zone 7, sa zone de distribution potentielle au Canada serait limitée au sud-ouest et aux côtes de la Colombie-Britannique

Conclusion

Sur la foi du résultat de la présente évaluation du risque phytosanitaire, on peut affirmer que Paspalum dilatatum est susceptible de s'établir et de devenir envahissante dans certaines parties du Canada, y compris le sud et les côtes de la Colombie-Britannique et, peut-être, dans le sud de l'Ontario et dans certaines parties des provinces maritimes, si l'espèce est introduite dans les régions en question. Cette plante devrait être considérée pour réglementation en vertu de la Loi sur la protection des végétaux et de la Loi sur les semences. On recommande de poursuivre le processus d'analyse des risques phytosanitaires et de compléter un Document de gestion des risques.

Considérations d'ordre technique

Il existe 320 espèces du genre Paspalum dans les régions chaudes du monde (Watson et Dallwitz 1992 et suivantes), si bien qu'il y aura toujours des problèmes d'identification. Toutefois, l'herbe de Dallis peut être identifiée par un personnel formé à cette fin.

Date de modification :