DGR-13-04 : Document de gestion des risques phytosanitaires consolidé pour les plantes phytoravageurs règlementées au Canada
Annexe 8A : Résumé de l'évaluation du risque phytosanitaire pour Microstegium vimineum (Microstégie en osier)
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- Identité de l'organisme
- Statut de l'organisme
- Statut réglementaire actuel
- Probability of Entry
- Probabilité d'établissement
- Probabilité de propagation
- Conséquences économiques potentielles
- Conséquences environnementales et sociales potentielles
- Incertitude
- Conclusion
- Considérations d'ordre technique
Identité de l'organisme
Nom : Microstegium vimineum
Synonyme(s) : Microstégie en osier, Andropogon vimineum, Eulalia viminea, Eulalia viminea variabilis, (USDA-ARS 2008). Microstegium imberbe, Microstegium willdenovianum Nees ex Lindl. Pollinia imberbis, Pollinia viminea, Pollinia willdenoviana (Tu 2000).
Noms communs français : Aucun n'a été relevé.
Noms communs anglais : Japonese stiltgrass, Japonese grass, Nepalese browntop, Nepalgrass (USDA-ARS 2008).
Description : Microstegium vimineum est une graminée annuelle habituellement tentaculaire. Elle germe au printemps et croît lentement pendant les mois d'été, finissant par atteindre des hauteurs situées entre 0,6 et 1,0 mètre, ses tiges déclives poussant jusqu'à un mètre de long. Les tiges sveltes des fleurs menues sont produites d'août à septembre ou au début d'octobre. À la fin de l'automne, elles adoptent une couleur jaune verdâtre pâle ou tournent au violet (Swearing, 2004, Mehrhoff et al., 2003).
La graminée Microstegium vimineum est devenue un problème important des forêts dans beaucoup d'États de l'Est et du Midwest des États-Unis. Elle se dissémine rapidement à la faveur d'une grande production de semences et de l'enracinement des nœuds caulinaires. Elle s'établit souvent dans les endroits où les sols humides s 'affouillent comme le long des berges, des plaines inondables, des fossés de drainage et des sentiers. Parmi les habitats typiques de l'espèce, on compte les couloirs fluviaux, les marécages boisés, les terrains humides boisés, les terres stériles et les fourrés, les emprises des services publics, les bordures des routes et les pelouses (Tu 2000).
Statut de l'organisme
Microstegium vimineum n'est pas signalée comme présente au Canada (ACIA 2008) et rien n'est venu prouver qu'elle y est cultivée comme plante ornementale (CNLA 2009). Selon le renseignement qu'on vient de mentionner, Microstegium vimineum est considérée comme absente de la zone d'analyse du risque phytosanitaire.
Statut réglementaire actuel
Microstegium vimineum n'est pas réglementée actuellement au Canada. Elle n'est pas non plus réglementée à l'échelon fédéral aux États-Unis, mais elle est réglementée dans les États suivants : Alabama, Connecticut et Massachussetts (USDA-ARS 2008). Elle n'est pas connue pour être réglementée dans les autres pays.
Probabilité d'introduction
Microstegium vimineum est indigène en Inde, au Népal, en Chine et au Japon, et a été introduite en Amérique du Nord, en 1919, au Tennessee. Dès 1960, elle s'était disséminée (probablement dans le foin et la terre) jusqu'en Ohio et en Pennsylvanie, et dans tous les États côtiers de l'Atlantique, depuis la Floride jusqu'au New Jersey (voir figure 1) (Howard 2005).
La voie d'introduction la plus probable est toutefois celle qui est associée à la fourrure des animaux ou aux vêtements des humains auxquels la plante adhère ou à la boue présente sur les pneus et les bottes de randonnée. Mehrhoff (2000) postule que certaines populations le long des sentiers de randonnée pédestre populaires aux États-Unis ont probablement été introduites par la voie des fruits qui adhèrent aux vêtements des êtres humains, à leurs chaussures, à leur équipement de randonnée ou aux chiens.
Type de voie d'entrée | Voies d'entrée spécifiques |
---|---|
Dispersion naturelle | Microstegium vimineum a une grande production de semences, qui constituent sa voie naturelle de dispersion. Les nœuds caulinaires de la plante ont aussi la faculté de s'enraciner, ce qui l'aide à se disséminer localement. Les semences peuvent également se disperser par les eaux de ruissellement, et les eaux de crue, les fleuves et les fossés de drainage constituent les principaux corridors pour l'expansion des populations (Howard 2005). La dispersion naturelle constitue une voie d'introduction improbable au Canada en raison de la distance entre les populations établies et la frontière canadienne. |
Introduction intentionnelle | Microstegium vimineum n'a pas été documentée comme ayant été plantée intentionnellement à titre de plante ornementale, pour lutter contre l'érosion des sols ou comme plante destinée au fourrage (Howard 2005; OEPP 2008). Aucune voie d'introduction intentionnelle n'a été relevée. |
Introduction non intentionnelle | Selon une alerte de l'OEPP, la plante, microstégie en osier, peut être introduite involontairement comme contaminant de la nourriture pour oiseaux, de la terre, du matériel de pépinière et du foin. Aucune référence nord-américaine n'a été trouvée qui répertorie les graines destinées à l'alimentation des oiseaux comme voies de dissémination. Les données du Laboratoire sur les semences de l'ACIA, depuis 2000, n'indiquent la présence de l'espèce dans aucun des échantillons de surveillance du marché prélevés dans les semences importées. La plante était largement utilisée comme matériel d'emballage de la porcelaine de Chine, ce qui était probablement sa voie d'introduction aux États-Unis (Tu 2000). La question n'est pas claire de savoir si cette voie d'introduction existe toujours. Les semences s'accrochent facilement à la fourrure des animaux, aux vêtements et aux bottes des êtres humains et à la boue présente sur les pneus des véhicules. Elles peuvent être disséminées par des randonneurs (Mehrhoff 2000). L'introduction non intentionnelle constitue la voie d'entrée la plus probable au Canada. |
Probabilité d'établissement
La région qui offre les conditions les plus propices à la survie de Microstegium vimineum est la zone de rusticité des plantes numéro 6. Elle semble aussi être en train d'établir des populations dans la zone 5 aux États-Unis, ce qui donne pour le Canada une zone de distribution potentielle située dans des régions du Canada atlantique, dans le Sud de l'Ontario et dans le Sud et sur les côtes de la Colombie-Britannique (voir figure 2). Dans les États de la Nouvelle-Angleterre, Microstegium vimineum a envahi les forêts inondables, les forêts à succession précoce et tardive, les champs abandonnés, les bordures des routes et d'autres habitats (Mehrhoff et al., 2003). Microstegium vimineum prospère aussi dans beaucoup de régions perturbées. Ces habitats sont abondants au sein des régions menacées qui se situent dans la zone d'analyse du risque phytosanitaire.
Probabilité de propagation
Même si elle est souvent associée aux régions boisées et humides, Microstegium vimineum se dissémine rapidement dans les régions perturbées (Weber 2003). Ses semences peuvent être disséminées par les randonneurs (Mehrhoff et al. 2003) et sont dispersées par les eaux de ruissellement, les eaux de crue, par les pieds des humains et des animaux et sont transportées avec le foin et la terre contaminés ou avec les plantes empotées (Swearingen 2004). Les fossés de drainage et les rivières constituent les principaux corridors pour l'expansion des populations (Howard 2005). La plante n'a pas de sapidité pour les animaux au pâturage, mais on a signalé que ceux-ci en disséminent les semences (Swearingen 2004). En évitant l'espèce et en broutant d'autres espèces ayant davantage de sapidité, la faune peut se trouver à contribuer indirectement à la dissémination de Microstegium vimineum (Howard 2005). Dans les habitats propices, l'espèce ne tarde pas à se disséminer en s'enracinant à partir de ses chaumes précombants et en formant des peuplements denses et monospécifiques (Barkworth 2006).
Conséquences économiques potentielles
Microstegium vimineum n'a pas été documentée comme plantée intentionnellement, soit comme plante ornementale, soit pour lutter contre l'érosion des sols ou soit pour le fourrage (Tu 2000). Elle est principalement signalée comme mauvaise herbe dans les zones naturelles, les zones humides et les sous-bois. On la signale surtout comme mauvaise herbe des espaces naturels, des milieux humides et des sous-étages des forêts. Il y a cependant eu des signalements indiquant que l'espèce envahit les zones de culture agricole, les plantations paysagères et les pelouses (Judge et al. 2008).
En 2008, il s'est importé pour une valeur de 24 millions de dollars de plantes de grande culture destinées à l'alimentation des oiseaux au Canada, en provenance de régions où Microstegium vimineum est présente. Il s'est également importé au Canada en 2008 pour une valeur de 746 000 $ de foin et de paille en provenance de régions où Microstegium vimineum est présente.
Conséquences environnementales et sociales potentielles
Microstegium vimineum peut former des peuplements monotypiques denses qui remplacent les communautés végétales naturelles et peuvent dominer des habitats entiers, y compris les sous-étages des forêts et les milieux humides. L'espèce peut tolérer les conditions de faible ensoleillement, ce qui lui permet de menacer la végétation forestière de même que les habitats de lisière. Une fois établie, elle est capable de supplanter par son abondance la végétation herbacée indigène dans les milieux humides et les forêts, en l'espace de trois à cinq ans (OEPP 2008).
Les populations de Microstegium vimineum perturbent la qualité des habitats de nidification pour les oiseaux (p. ex., pour les cailles). Toutefois, elle crée un excellent habitat pour les rats, comme les sigmodons, prédateurs des habitats des oiseaux. Microstegium vimineum peut aussi entraîner une modification des conditions naturelles du sol, créant un environnement inhospitalier pour beaucoup d'espèces indigènes. Kourtev et al. (1998) ont signalé que dans les régions ayant été envahies par Microstegium vimineum, tant les horizons pédologiques des litières que des sols organiques étaient plus minces que dans les régions non envahies, et le pH des sols en question était considérablement plus élevé (Tu 2000).
Après avoir perturbé le couvert forestier, Microstegium vimineum répond avec une augmentation soudaine de la biomasse, ce qui lui permet d'envahir rapidement les forêts et d'empêcher la régénération des espèces ligneuses indigènes. Les augmentations rapides de la croissance de Microstegium vimineum conduisent à la formation de « nappes » sur le plancher forestier qui nuisent à la régénération des espèces ligneuses indigènes de multiples façons : directement, par la voie de la concurrence pour la lumière du soleil, pour les nutriments et pour l'eau; et indirectement, en réduisant la probabilité d'un bon contact de la semence avec le sol pour la germination (Oswalt et al. 2007).
Incertitude
La tolérance climatique de Microstegium vimineum est incertaine. L'espèce est en train de devenir de plus en plus répandue dans l'Est des États-Unis, dans la zone de rusticité des plantes numéro 6. Toutefois, il semble également y avoir des populations dans la zone 5. La zone de distribution indigène de la plante se situe principalement dans la zone 6, mais il y a des régions de la zone 5 incluses dans sa distribution. Pour les fins de la présente évaluation du risque, on a présumé que l'espèce pourrait s'établir au moins dans certaines parties de la zone 5.
Conclusion
Selon le résultat de la présente évaluation du risque phytosanitaire, Microstegium vimineum est susceptible de s'établir et de devenir envahissante dans certaines parties du Canada, y compris le Sud et les côtes de la Colombie-Britannique, le Sud de l'Ontario et certaines régions du Canada atlantique, si elle était introduite dans les régions en question. Cette plante devrait être considérée pour réglementation en vertu de la Loi sur la protection des végétaux. Il est à noter que l'une des voies potentielles d'introduction de l'espèce au Canada réside dans l'accrochage aux vêtements des êtres humains, aux véhicules boueux ou à la fourrure des animaux, voies qu'il peut être difficile de réglementer.
Considérations d'ordre technique
- La meilleure stratégie pour lutter contre Microstegium vimineum réside dans les efforts annuels répétés pour empêcher la floraison et la grenaison. Les produits chimiques dont l'usage est approuvé au Canada peuvent être efficaces et peuvent être nécessaires pour les grandes infestations, même s'ils peuvent nuire à la végétation désirable (Tu 2000).
- Microstegium vimineum est facile à prendre pour Leersia virginica Willd., espèce de graminée indigène. La confusion se produit au champ étant donné que les deux espèces se trouvent souvent à pousser ensemble et à avoir des feuilles de taille et de forme similaires ainsi qu'une apparence générale semblable (Mehrhoff 2000). Toutefois, les semences de l'espèce sont faciles à distinguer étant donné que les plantes appartiennent à des tribus différentes aux morphologies florales fort distinctes (L. virginicafait partie de la tribu des Oryzées tandis que M. vimineum fait partie de celles des Andropogonées). Un examen de près révèle des différences tant pour les glumes que pour les lemmes. Qui plus est, les épillets se présentent en paires pour Microstegium et sont uniflores pour Leersia. Les lemmes de M. vimineum peuvent être aristées ou non aristées tandis qu'elles sont toujours aristées pour Leersia (Mehrhoff 2000).
- Adams (2009) déclare que la gestion humaine peut en définitive se révéler plus facile que la gestion des ressources pour lutter contre la dissémination d'espèces comme Microstegium vimineum. Parmi les stratégies proposées qui peuvent nuire au taux de dissémination de Microstegium vimineum, on compte les programmes d'éducation et de sensibilisation portant sur la dissémination d'espèces envahissantes et destinés aux visiteurs des espaces naturels, le brossage des lacets avec une brosse métallique pour retirer les semences, l'évitement des placards d'espèces envahissantes lorsqu'elles sont en grenaison et le port de chaussures qui réduisent au minimum le risque de transporter des semences loin du site infesté (Adams et Engelhardt 2009).
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